Un ami, c'est celui qui voit clair en vous, et qui continue à apprécier le spectacle. PRIVE

Un ami, c'est celui qui voit clair en vous, et qui continue à apprécier le spectacle.

La journée aura été éprouvante. Être animatrice d'anniversaire pour quelques sous car les enfants aiment le spectacle était toute une mer à boire. Ça criait, ça courait partout, il fallait même parfois les surveiller afin de vérifier qu'ils ne fassent pas de bêtises... Rien de tel pour se reposer de ce dur labeur que de se promener sur une plage lors du soleil couchant. Le sable était chaud, réchauffant les pieds de la petite Emi qui marchait tranquillement le long de la côte. Toutes ces couleurs l'émerveillaient. Le ciel était d'un orange crépusculaire, le soleil d'une luminosité à en rendre aveugle et l'océan qui était d'une infinité impossible reflétait toutes ces lumières en de petits halos. S'il y avait bien quelque chose en laquelle la magie ne pouvait égaler la beauté, c'était bien la nature.

Même en étant vêtue d'une simple robe d'été, la protégée fondait de chaleur comme glace au soleil. Même le phœnix l'accompagnant semblait être sur le point de s'évanouir, malgré les baignades qu'il s'était autorisé à faire dans l'eau salée. Et se plaindre de la canicule pour une mage maîtrisant les flammes, c'était assez paradoxal n'est-ce pas ? L'élastique qui entourait son poignet finit par retenir ses longs cheveux roux en une natte terminant sur le côté. Elle aimait bien se coiffer ainsi. Pour elle, ça donnait un petit côté de fille de ranch, elle ne savait trop pourquoi.

Lassée de se mouver avec toute la fatigue qu'elle avait, elle se laissa tomber sur le sol, les pieds dans l'eau, remontant son jupon pour ne pas le salir. Son protecteur se laissa donc tenter de retrouver l'océan et s'y plonger. Emi le regardait, admirative. Elle n'aurait jamais cru à l'époque qu'elle se serait autant attachée à lui. Les phœnix accordaient une part tellement importante dans sa vie. C'était sa famille, son tout, plus que ça. Si elle tenait à la vie, c'était pour qu'il ne perde pas la sienne lui aussi. Il avait été humain à l'époque. Un jour, elle sera comme lui, à reprendre le flambeau de protecteur. Bien que c'était un statut important qui lui faisait plutôt peur... et être un phœnix, elle ne savait pas ce que c'était. Manger des vers ne l'attirait pas tellement...

Une légère brise souffla sur son visage et dégagea sa mèche lui qui balayait le visage. La jeune fille grogna un peu. Maintenant elle devait être tout en bazar. Elle n'aimait pas quand sa frange était pas correctement. Ça lui cachait une partie du visage et c'était tant mieux ! Même si elle n'allait pas plus bas que le commencement de ses yeux. Ses yeux qui étaient d'un vert tellement profond, que l'on pourrait s'y perdre, s'alliant parfaitement avec son teint pâle aux tâches de rousseurs. Elle saisit du sable du bout de ses doigts et le regarda s'envoler. C'était tellement léger qu'il était impossible de le capturer en main, sauf quant il avait absorbé du liquide.

Elle soupira et serra ses genoux contre sa poitrine, posant sa tête dessus. Ça lui semblait une éternité qu'elle n'avait pas revenu Logan, ni Hedwige. Ils étaient peut-être partis en mission pendant plusieurs mois, mais sans lui avoir parlé ça s'avérait un peu rude... Ils étaient ses amis, et ils lui manquaient horriblement. Sans son phœnix, la solitude se ferait sentir grandement. Oui, ces derniers temps elle se sentait assez abandonnée, il était vrai. Dans la guilde ils n'étaient plus cinq à être sur la table habituelle, mais plus que deux, elle et son protecteur. Il n'y avait plus de distributions de cupcakes du mardi depuis trois semaines, elle devait les manger toute seule. Les dimanches il n'y avait pas Hedwige pour toquer à sa porte en lui criant qu'il était tard pour encore dormir alors qu'il n'était que dix heures. Ce qui faisait que maintenant, elle dormait jusqu'à deux heures de l'après-midi et râlait d'avoir gâché sa journée. Il n'y avait plus personne pour l'accompagner dans les magasins. Et il n'y avait plus Logan pour qu'elle puisse jouer aux jeux vidéos, ou se disputer gentiment de temps en temps. Et parfois pour un petit câlin. C'était rageant !

Le phœnix semblait avoir comprit ses tourments. Il s'installa auprès d'elle et la contempla de ses grands yeux dorés, séparés en deux par un trait noir épais à l'approche de la nuit. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert. Il la connaissait par cœur. En même temps, elle était sa mission de vie.

« - Tu m'as l'air bien pensive tout à coup.
- J'ai des amis qui ne sont plus là et dont je ressens l'absence c'est tout. »

Le phœnix n'en ajouta pas plus, sachant qu'Emi n'en avait pas besoin. Il espérait juste que sa simple présence à lui suffirait à la réconforter. Les yeux de la belle se perdaient dans les vagues mourant à ses pieds, ses cheveux lui caressant le visage. Ce spectacle-ci était nostalgique.

codage par Jyne sur apple-spring

Une lettre et une valise à la main, j’étais venu en cet endroit du nom d’Ardamir. Celui-ci était fait pour des gens comme moi porteur d’un « don » comme il nommait cela. Certes, cela s’avérait plutôt intéressant et peut-être pourrais-je faire ma filière ici. Hé oui, faut pas oublier qu’un mafieux reste un mafieux et surtout italien ! Faut pas les confondre avec les autres car, vous ne survivrez pas longtemps. Il avait fallu beaucoup de temps pour que je fasse mes repères et choisir enfin la guilde pour laquelle j’appartiendrais. Bizarrement, j’ai choisi la gil-galad, elle semblait simple et pas complexe et du temps libre. Il fallait du temps libre, être débordé de travail n’était pas du tout mon style. Une fois installé, je décidais de sortir et d’aller marcher pour visiter les environs. Marcher était vraiment trop éprouvant, autant utiliser ce « don » que j’avais et qu’il m’emmène là où je voulais.

C’est ainsi qu’une paire d’ailes apparu dans mon dos se concordant avec ma taille humaine. Il ne fallait pas oublier que c’était une demi transformation et que la totale était beaucoup plus impressionnante. Enfin, pour le savoir, il fallait déjà l’avoir v u ce qui est assez rare, car j’aimais garder le mystère sur ma force. Je ne contrôlais pas encore totalement celui-ci et avec un peu d’entraînements, je deviendrais bien plus fort et plus terrifiant. Mais, il y aura les quêtes pour mes entraînements. Maintenant, je m’envolais vers une autre destination que la guilde. Je survolais les maisons, les parcs, les bois, les dunes et mon regard était posé sur une étendu bleue au loin qui attirait ma curiosité. C’était donc ma destination, cet océan que je voyais en face de moi et avant d’y arriver, je m’amusais un peu dans les airs.

C’était assez agréable de voler, on était libre de faire ce qu’on voulait. Faire des acrobaties, des pirouettes et accélérer à toute vitesse sans qu’on vous dise quoi que ce soit. Le ciel m’appartenait, c’était mon terrain de jeu et d’espionnage aussi. Cela me permit de voir cette jeune femme assisse sur le sable auprès d’un phœnix. C’était la première fois que je voyais un phœnix et j’aurais pas cru qu’il existait, mais à vrai dire, vu la transformation que je pouvais faire, cela ne devait pas m’étonner. Je me posais donc non loin de la demoiselle qui, en me rapprochant, me disait quelque chose. Et plus, je me rapprochais, plus je la reconnaissais. Qui aurait cru que je la retrouverai ici et ça m’évitais fortement de la chercher. Inconsciemment, nos chemins se sont recroisés. Je me méfiais quand même de son phoenix, je ne savais pas comment il allait voir mon approche près de la demoiselle Emi. Je passais donc sur le côté opposé à l’oiseau de feu pour saluer Emi avec un grand sourire.

- Emi, je suis ravi de te recroiser en ce lieu. Qui aurait cru que nos chemins se seraient recroisés ici.

La demoiselle allait sûrement me reconnaître, enfin j’espérais pour elle. Je pouvais être très susceptible dans certains cas et contrariant. D’un côté, elle n’avait pas changé, toujours aussi resplendissante que la dernière fois et elle était même encore plus attirante. A ce moment là, mes ailes avaient déjà disparut depuis que je m’étais posé. Elle se douterait sûrement la raison de ma présence en ces lieux vu qu’y a que les « mages » qui peuvent y pénétrer, mais autant garder un peu de mystère.

Un ami, c'est celui qui voit clair en vous, et qui continue à apprécier le spectacle.

La fatigue ayant décidé de se montrer dominante, la belle s'assoupit sans se rendre compte de quoi que ce soit. La chaleur des derniers rayons de soleil lui caressait la peau, la brise la berçait, les clapotis des vagues lui chantait une petite chanson... La nature la mettait en bonnes conditions pour l'emporter au monde des songes.

Elle déambulait dans les rues d'une ville familière dont elle ne pouvait identifier les murs. Tout était si coloré, animé, accueillant... Seulement, les beaux jours étaient toujours suivi d'une pluie. La jeune fille était entrée dans un marché situé dans une grande place. Tous les stands étaient parfaitement alignés. Les fruits et les légumes sortis tout fraîchement des potages avaient de belles couleurs et de belles formes, Emi avait envie de goûter à tous ces mets, y comprit ceux qu'elle n'aimait pas. Au fond, un exposant montrait les dernières sucreries qu'il avait cuisiné. Le petit coin du paradis de la jeune fille qui s'y précipita en courant, avec ses petites jambes. Mais elle ne l'atteignit pas.

Le stand se retrouva brisé sous une grosse masse noire. Tout était soudainement flou, elle n'arrivait pas à distinguer ce que c'était. Son cœur battait vite, elle ressentait une émotion forte que l'on appelle la peur. Et encore, le mot était plutôt faible. Elle était tellement terrorisée que son corps refusait de bouger. Tout le monde fuyait, en essayant d'emporter le maximum de leurs produits avec eux. Même le confiseur avait essayé de sauver quelques bonbons qui s'étaient échappés du fatal destin que cet espèce de monstre leur avait offert. La place s'était vidée en quelques instants. Les fanons accrochés sur les balcons des fenêtres tombèrent sur la tête de la jeune fille qui ne voyait plus rien. Tout d'un coup, elle se sentit voler, et atterrir lourdement sur le sol. Pendant des minutes qui lui semblaient des heures, elle ne bougea pas, attendant que tout cela passe, et peut-être recevoir le sort funeste qui l'attendait.

Mais rien ne vint. Si ce n'est une douleur affreuse sur son épaule gauche qui se trouvait à présent en sang. Le liquide vermeil s'écoulait jusqu'au bout de ses doigts. Aucuns cris ne sortaient de la bouche d'Emi, elle était étranglée par ses propres sanglots, elle ne pouvait pas parler, ni hurler pour exprimer sa douleur. Les larmes qui roulaient le long de ses joues rosies parlaient d'elle-même. Elle avait mal, horriblement mal. La blessure était profonde. Enfant, elle avait peur de perdre son bras. Ce précieux bras. Elle était gauchère... comment ferait-elle pour vivre sans ? Elle n'avait pas le courage pour affronter ça... Le silence était perturbé par ses reniflements bruyants. Elle pleurait. Jusqu'à ce qu'un garçon arrive et lui tendit la main, avec un grand sourire dessiné sur son visage. Les larmes salées lui floutaient la vue, elle ne pouvait pas bien distinguer les traits du jeune homme. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle accepta son aide et...

Elle se réveilla en un sursaut, après un picotement douloureux à la cuisse, qui revint plusieurs fois. Ses cordes vocales s'amusaient à jouer « Aïe » alors que la tête d'Emi refusait de dire quoi que ce soit. L'astre découvrit de nouveau les pupilles émeraude de la rouquine qui se frottait les yeux, suite à ce changement de luminosité. Même si le coucher de soleil était presque terminé, le soleil n'en restait pas moins éblouissant. Et le fautif à son réveil visiblement c'était Phoenix.

« - Qu'est-ce que tu as faait ? Peut-être que j'aurai découvert qui était ce gamin !
- Je ne vois pas de quoi tu parles. »

Emi soupira, déçue. Une chose dont elle était certaine, ce n'était pas qu'un simple rêve. Plutôt comme un souvenir, quelque chose qui était profondément enfoui. Et elle avait son prénom sur le bout de la langue. Ce qui était certain, c'est qu'il ne lui rappelait aucunes connaissances qu'elle avait aujourd'hui, que ça soit d'Ardamir ou d'Irlande. D'ailleurs, elle ne savait même pas où ce marché se situait. Elle avait beau fouiller, c'était le noir total. Elle fut tirée de ses tourmentes par la voix de son mignon petit protecteur :

« - En attendant, je vois quelqu'un se diriger vers toi. Donc sors de ta transe et garde l'esprit éveillé. »

Elle acquiesça d'un simple geste de tête. Curieuse, elle se tourna pour voir qui était la fameuse personne qui approchait. Elle pouvait le reconnaître entre mille. Ses cheveux bleus aux reflets violet lui chatouillant le visage, ses yeux vairons dont l'un était aussi bleu que l'océan et l'autre d'une couleur rouge sang. Son visage long et fin, son nez aquilin, sa carrure de grand garçon ayant atteint l'âge de la maturité. Saupoudrez le tout d'un peu d'arrogance et de mystère et le voilà : Seïskor.

Emi fut bouleversée de le voir ici. Elle ne s'y attendait mais vraiment pas du tout. Seïskor le mafieux italien s'avérait être un mage ? Qui aurait cru qu'elle avait un lien avec Ardamir depuis tout ce temps ? Que la magie était déjà aussi proche d'elle sans qu'elle le sache ? Le monde se montrait vraiment petit tout d'un coup... minuscule même.

Et ce n'était pas quelqu'un d'autre, c'était vraiment lui. Sa manière de parler avec ce petit accent italien, c'était le seul à pouvoir le faire. On ne pouvait pas l'imiter, elle même avait déjà essayé en vain. Il avait aussi un ton particulier. Sûrement un truc de mafieux. Et il était bien le seul à la regarder avec ces yeux là. Non déjà qu'ils étaient assez troublant, mais c'était plutôt ce qui en dégageait. Il était insistant. Toujours. Et décidément, le petit aigle de feu n'appréciait pas cette attitude. Il se percha sur l'épaule de sa pouliche et planta ses prunelles dorés dans celles qui venaient, pour lui, d'un inconnu.

En attendant, comment ça leur chemins se croisaient ? Qui était ce type qui semblait être si heureux rien qu'à la regarder ? Où s'étaient-ils rencontrés ? En Irlande, là où vivait autrefois Emi ? Ou bien à Ardamir ? Le phœnix ne connaissait même pas le vécu de sa protégée dans son pays natal. Elle n'en parlait que très peu, avec une profonde tristesse. C'était comme si elle avait placé tout ça dans un petit coin de sa tête et que son seul désir était d'oublier. Sa vie était ici dorénavant après tout. Et revoir quelqu'un qui a partagé un petit bout de son ancienne vie a du lui faire l'effet d'une bombe. Son silence ne pouvait qu'approuver ses pensées. Au final, quitter son Irlande, terre de naissance, l'a beaucoup plus affectée qu'elle ne l'a montré. Il se sentait mal, comme si une de ses tâches n'avaient pas été tenues. Peut-être qu'au fond d'elle, elle a toujours été triste.

Emi se cacha les yeux. Ce n'était pas possible. Elle n'aurait jamais cru qu'il viendrait la chercher jusqu'ici, bien que ce n'était pas volontaire de la part du jeune homme c'était certain. Il était donc vraiment sérieux la dernière fois. Sa main gauche s'enfonça dans le sable tandis que l'index de son autre main libre caressait gentiment le bec de son mentor. Tout en évitant son regard. Elle ne saurait pas le maintenir. Les grandes personnes étaient intimidantes.

« - Bien sûr que je me souviens de toi, Seïskor Néréus, souffla-t-elle dans un murmure. »

Même si elle aurait voulu jouer l'indifférence, elle ne l'aurait pas fait. Seïskor était aussi imprévisible qu'un cheval sauvage. Il ne valait mieux pas jouer avec le feu.

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